C'est cette obsession du service, sans doute motivé par la peur des procès. Faut dire que voir dans le métro des pubs pour des cabinets d'avocats qui vous invite à les contacter si votre môme est autiste, ça fait peur. Du coup, on affiche, on prévient, au dela du raisonnable. Mais c'est pratique pour les touristes.
C'est cette obsession pour la climatisation qui vous fait craindre la nausée constamment. Entre les couloirs du métro bouillants et les rames glacées, on a vite fait d'avoir un malaise.
C'est cette idée que j'avais, d'arriver au pays du burger (et il y en a) alors que c'est plutôt le pays du café. Alors que je m'attendais à trouver des McDo à tous les coins de rue, c'est plutôt des Starbucks qu'on voit. Quasiment un tous les 50m, c'est impressionant comme quadrillage.
C'est ce journal gratuit, équivalent américain de celui que je prends tous les matins de bureau, où je m'attendais à recevoir un peu le même genre d'infos et dans les mêmes quantités. Et finalement non. Pour un nombre de pages à peu près équivalent, mon métro belge doit bien compter 15 pages d'infos sans les pubs alors que le métro new-yorkais doit se limiter à 3, 4. Et encore, avec la moitié consacré à l'entrée en prison de Paris Hilton, et un bon quart du reste aux spectacles locaux.
C'est cette facilité que les gens ont à se parler. On dit souvent qu'à NY, les gens vous laissent vivre leur vie, surtout pour les questions de look. Mais si vous avez l'air perdu, vous aurez plein de gens pour vous proposer leur aide, naturellement. A l'inverse, on a l'impression qu'ils se sentent obligés de surjouer leurs relations humaines à grands coups de hugs, de "sweetie darling" et de "I missed you soooooo muuuuch". Un peu comme une sitcom permanente.
C'est ces petits boulots qui permettent aux USA de dire qu'ils ont peu de chomage et qui sont occupés par pas mal d'étrangers, comme cireur de chaussure ou Vélo-taxi. Pour en avoir pris deux, je peux vous dire que c'est assez flippant dans le traffic new-yorkais. Pas tellement à cause de leur façon de conduire (les voitures parce que le vélo-taxi, ça dépend), ils sont plutôt respectueux (je crois), mais à cause des tailles imposantes des voitures.
C'est ces gens battant le pavé pour attirer du monde dans leur comedy club et qui essayent d'être drole, voire sarcastique. Il y en a un en particulier qui nous a bien fait rire, à ses dépens. En apprenant qu'on était français, il a commencé à nous dire qu'on prenait les étrangers de haut. Sachant qu'aucun de nous ne vit dans son pays natal et que 90% des américains n'ont jamais eu de passeport, on a bien ri.
C'est ces golden girls qui racontaient à qui veut bien l'entendre, qu'elles faisaient leur pélerinage annuel dans la grosse pomme. Et comme à chaque fois, elles allaient voir une comédie musicale, quelques restos connus et la tournée des stars.
C'est ces flics désabusés qui répondront à ces mêmes golden girls que si elles cherchent des stars, il leur suffit d'attendre la nuit et de lever la tête.
C'est ces clones de Paris Hilton qui arrivent en retard à la comédie musicale et ne peuvent que babiller sur le fait qu'un des acteurs est super beau. Sans compter qu'aucune n'ose applaudir sans l'assentiment de ses copines.
C'est cette représentation permanente des gens, toujours prêts à se montrer, toujours prêts à poser et à sourire pour la photo. Y compris (peut-être même surtout) les forces de l'ordre.
C'est ce vieux monsieur qui s'arrête devant moi dans la rue parce que je porte mon t-shirt du Comité Contre le Chat (C.C.C.) qui est rouge, avec un chat ayant pour queue une faucille et un marteau. Il me demande si je suis russe. Je lui explique que non, que c'est un truc contre les chats, que ce n'est pas communiste, que c'est drole. Ce à quoi il me répondra très naturellement "i don't care, i'm american".
C'est ces looks et ces comportements étranges qui semblent se fondre dans la population comme ce latino roux qui collait les journaux qu'ils vendaient sur les torses des passants, ce vendeur de parfum habillé en Superman (sans la cape) et avec un stetson dans la rue, ou ce jogger qui se prend pour un office de tourisme dans le métro.
C'est la possibilité de laisser cette école de danse pour trisomiques faire une représentation dans la rue, en plein Time Square, pour le bonheur de tous les touristes.
C'est ces suisses qui font un concert de grandes cornes en costumes traditionnels dans Central Park.
C'est ces gens partout, tout le temps, en permanence, à se demander quand le new-yorkais travaille.
Cette sensation que même au coeur du Park, qui est pourtant immense, il est en train de se faire bouffer par les voitures dont on entend la clameur constante dans toute l'ile. Et pourtant, je crois qu'il n'y a pas de meilleur illustration de l'oasis urbain.
C'est tous ces endroits attrayants dont on se dit qu'on devra y passer et pour lesquels on n'a pas le temps, parce qu'il y a tant de choses à faire.
C'est l'impression d'être un peu dans la mère de toutes les cités, la plus grande et celle d'où tout le béton s'écoule vers le reste du monde.
C'est encore plein d'autres trucs dont je ne me souviens pas forcément, qui font que j'ai apprécié mes vacances. Je ne sais pas si c'est le décalage horaire, mais j'ai eu l'impression que le temps passait lentement là-bas. Mes 10 jours m'ont semblé longs comme un mois, et c'est tant mieux, parce que je m'y sentais plutôt bien. Pour un citadin comme moi, c'est plutôt agréable. En tout cas, ça marque. Je ne sais pas si j'y retournerai un jour, mais je suis bien content de l'avoir fait au moins une fois.